Isabelle Langé exerce le “job de ses rêves” depuis les années 1990. Aujourd’hui, rédactrice en cheffe de sa propre émission sur RTL, elle revient sur son parcours, les obstacles qui l’ont jalonné et évoque ses aspirations.
Une vocation. Isabelle Langé s’est intéressée très tôt au métier de journaliste de sport. “J’ai toujours été passionnée de sport, lance-t-elle. Je prends un plaisir monstrueux à découvrir plein de choses.” Mordue de tennis, elle n’a plus aucun doute sur son futur métier après sa rencontre avec le célèbre tennisman français Yannick Noah au début des années 1980. Lorsqu’il gagne Roland Garros en 1983, TF1, dans son émission Balle de match, propose aux enfants qui souhaitent l’interviewer d’écrire à la chaîne. Isabelle ose. Sélectionnée, l’adolescente alors âgée de 14 ans se rend à Paris. “On a été divisés en plusieurs groupes, moi j’étais dans le groupe Coupe Davis, relate-t-elle, les souvenirs encore intacts près de 40 ans plus tard. Mais comme je n’avais aucune question à lui poser sur ce sujet, je lui ai simplement demandé quels étaient ses rapports avec la presse.” Le lendemain de la diffusion de l’émission, le 13 heures de TF1 s’ouvre sur l’annonce du départ de Noah pour les Etats-Unis à cause de ses relations avec les médias et donc… les images de la question posée par Isabelle. “De là découle toute ma carrière car finalement ça m’a boostée, reconnaît Isabelle Langé qui a eu un véritable déclic ce jour-là. Je me suis dit c’était vraiment ce que je voulais faire et j’ai intégré une radio locale à Saumur, en 3e, où je bossais tous les week-ends. J’ai fait des émissions de sport et même commenté la finale de l’Euro de foot entre la France et le Portugal (3-2 a.p.) en 1984”, énumère-t-elle.
Après des études de journalisme à l’ESJ Paris, Isabelle débute à l’Agence d’Informations de Presse puis devient pigiste pour plusieurs médias en 1995. Du tennis en passant par les sports olympiques et la natation, la journaliste touche à tous les sports, ou presque. Et surtout, elle n’hésite pas à se rendre sur les tournois de tennis en freelance. “Il m’est arrivé de bosser pour onze médias en même temps sur un Open d’Australie”, se souvient-elle. En 1997, elle est embauchée au service des sports de la radio RTL. “Je devais prouver plus que les mecs, se remémore Isabelle. C’était la première fois qu’ils accueillaient une fille, il a fallu faire ma place”, sourit-elle.
Peu soutenue, la journaliste est confrontée aux réflexions de ses collègues masculins et traverse des moments compliqués notamment quand elle se met en couple puis devient maman. “Il m’arrivait souvent de pleurer à cause du boulot et un jour mon conjoint m’a dit qu’il fallait faire la part des choses car, autrement, je n’allais pas y arriver”, confie-t-elle. Isabelle Langé s’accroche malgré les difficultés et les obstacles qui s’accumulent et entravent son parcours. Elle ne veut rien laisser paraître devant ses confrères. “J’ai avalé pas mal de couleuvres, après peut-être que je n’ai pas eu le courage aussi de dénoncer la façon dont j’étais stressée par moment, explique-t-elle avec le recul. C’était plutôt de l’ordre du harcèlement moral et de devoir surtout prouver plus que les mecs. Je me prenais beaucoup de petites réflexions.”
Mais les vents contraires rencontrés dans un milieu majoritairement masculin ont contribué à forger son caractère. Désormais, Isabelle Langé est rédactrice en cheffe de sa propre émission dominicale On refait le sport. Elle y balaye l’actualité sportive du week-end “comme un Stade 2 de la radio”, décrit-elle. La journaliste compte continuer à gravir les échelons et ne redoute plus de prendre des responsabilités. “Ça fait vraiment très peu de temps que je verbalise le fait de me sentir capable de diriger un service”, admet-elle.
Membre active de FJS, Isabelle Langé salue la création de l’association qui l’aide à se “sentir moins seule” et “soutenue”. “Cette sororité fait du bien, assure la journaliste. J’aurais aimé avoir ça quand j’avais 20 ans. Je pense que l’on aurait avancé plus vite dans nos carrières, on se serait moins laissé marcher sur les pieds et on aurait été moins à la traîne en termes de salaires”. Ses échanges avec les autres membres et adhérentes lui ont permis de se rendre compte que beaucoup vivaient les mêmes expériences qu’elles dans leurs rédactions. “ On se sent portées quand il y a du monde derrière, souligne encore Isabelle. L’association va en aider plus d’une à ne pas se sentir seule dans son coin”. Et à oser exercer pleinement “le job de (leur) rêve”comme Isabelle a su si bien le faire.
Emma Ressegaire.
Edité par Syanie Dalmat et Sarra Djeghnoune.