Tiffany Amisse

De policière à photographe de sport, la reconversion par passion de Tiffany Amisse

Tiffany Amisse a profité d’une reconversion professionnelle pour faire de son amour pour la photographie son métier. Passionnée par l’image depuis l’adolescence, elle s’est spécialisée dans le domaine corporate (photographie d’entreprise) et sportif, plus particulièrement dans le football américain.

Tiffany Amisse s’est prise de passion pour la photographie lorsqu’elle était ado. “Quand on a eu internet à la maison, j’avais toujours des dossiers où je collectionnais des images, se remémore-t-elle. Cela pouvait être des fonds d’écran, de la nature, des paysages…” Rapidement, elle prend donc ses propres photos quand son père lui offre son tout premier appareil.

Pourtant, en grandissant, elle se tourne vers une tout autre voie et rejoint les forces de l’ordre travaillant au sein de la police scientifique, à Nantes. Dans cette profession, l’appareil photo n’est toutefois jamais loin, demeurant l’un de ses outils de travail. “Je prenais des photos de tout ce qui était homicides, suicides, gardes à vue, empreintes”, énumère-t-elle. 
Après trois années de service, l’atmosphère devient de plus en plus pesante pour la jeune femme de 34 ans. “Tout ce que je voyais devenait trop dur”. Elle décide alors d’abandonner l’uniforme pour se consacrer pleinement à sa passion initiale : la photographie.

Une spécialisation inattendue : le football américain

“Pour l’instant, je n’arrive pas à en vivre. C’est encore trop compliqué”, confie Tiffany Amisse qui a entamé sa reconversion depuis un an et demi. Il faut dire qu’elle n’a pas choisi la facilité et fait face à deux difficultés majeures. La première concerne la rémunération. “Un photographe de sport est payé entre 700 et 2 000 euros par mois. Je crois que les indépendants gagnent davantage que ceux qui bossent dans les médias”, estime-t-elle. La seconde difficulté réside dans le sport dans lequel Tiffany Amisse a choisi de se spécialiser, le football américain, une discipline peu médiatisée en France. “Cela m’a un peu foudroyée, explique-t-elle. Je suis tombée sur un maillot de l’équipe des Seahawks de Seattle et j’ai commencé à m’intéresser à ce sport. Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas qu’un sport de brutes.”

Pour comprendre au mieux cette discipline, qui demande de la rigueur, de la réflexion et un jeu tactique, Tiffany Amisse a pratiqué pendant un an le football américain dans le club des Esox, à Basse-Goulaine (Loire-Atlantique).

De la Bretagne aux États-Unis

La  jeune photographe de sport entame sa carrière en Bretagne en allant notamment couvrir des matchs de foot us de son ancien club. Puis, tout s’enchaîne rapidement. “Je suis partie aux États-Unis pour couvrir les matchs universitaires en 2018, relate Tiffany. Un an plus tard, j’ai couvert le premier match de NFL (National Football League, la Ligue nord-américaine de football, ndlr) de ma carrière, le jour de mon anniversaire. J’étais un peu émerveillée par tout le côté grandiose que la NFL apporte, mais ce n’est pas un sport plus compliqué qu’un autre à photographier”

Munie de son Sony A7R IV, Tiffany Amisse prend entre 2000 et 2500 clichés par match. “Cela va très vite, car on se met souvent en mode rafales. Je prends 10 photos à la seconde, mais ce n’est pas beaucoup par rapport à d’autres photographes. Je préfère la qualité à la quantité”. Son cliché favori représente AJ Bouye, lorsqu’il était joueur de l’équipe des Jaguars de Jacksonville.

©TiffanyAmisse

En France, “c’est plus compliqué pour les femmes”

Au quotidien, la photographe se rend compte qu’elle croise peu de consœurs sur les terrains. “En France, quelques-unes commencent à s’intéresser au football américain, note-t-elle cependant. Je trouve ça chouette, mais cela reste un milieu très masculin”.

Se sentant isolée, Tiffany Amisse a donc décidé de rejoindre le collectif Femmes Journalistes de Sport. “J’aime beaucoup parler, que ce soit de la photo, les médias ou le sport en général, confie la photographe. Je me suis dit que je pourrais rencontrer d’autres consœurs pour échanger”, poursuit-elle.

Si elle est consciente qu’il est plus difficile pour une femme de faire sa place dans le milieu, Tiffany Amisse reste toutefois déterminée à vivre de sa passion. Et cela malgré les quelques remarques entendues sur le terrain. “Lors de mon tout premier match universitaire, un monsieur m’a dit que je ne photographierais jamais un match de NFL car je suis une femme. J’étais tellement surprise que je crois que je n’ai pas su lui répondre.”

La meilleure réponse réside dans le fait que depuis quatre ans, Tiffany photographie des matchs de NFL. “Pour moi, c’est devenu la routine, mais j’adore toujours autant y aller”, sourit la photographe qui a connu du changement en ce mois de juin. En effet, elle photographie les matchs intérieurs et extérieurs d’une équipe professionnelle parisienne de football américain, les Musketeers de Paris, qui s’est implantée dans la ligue européenne de foot us.

Ambitieuse, Tiffany Amisse a des projets plein la tête. Son prochain objectif est de couvrir le Super Bowl, la finale du championnat de NFL, l’un des événements sportifs les plus regardés à travers le monde. Pour y parvenir, la jeune femme est consciente qu’elle devra collaborer avec un média. “C’est très compliqué d’y aller en tant qu’indépendant parce que sinon tout le monde le ferait et ça serait trop compliqué à gérer pour la fédération », justifie-t-elle.
En attendant d’obtenir une accréditation pour le Super Bowl, la trentenaire co-écrit un livre avec un éditeur passionné de football américain. “Je photographie plusieurs sports, car malheureusement, je ne pourrai pas mettre mes photos de NFL. En termes de droits, c’est très strict. Il y aura du foot américain, mais pas de la NFL”. Composé de photographies sportives et de témoignages d’athlètes, le projet doit voir le jour avant les prochains Jeux olympiques de Paris 2024.

Emma Ressegaire
Édité par Sarra Djeghnoune et Syanie Dalmat

Retrouvez les clichés de Tiffany Amisse sur son site internet : https://www.tiffanynflphoto.com

Pour ne plus être discriminées, harcelées, invisibilisées, il est temps pour nous, femmes journalistes de sport, de se compter, de s’unir et de peser.

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