Cécile Grès : “Je ne veux pas être une arnaque”

Depuis le 24 juillet, Cécile Grès est devenue la meilleure pote des lève-tôt en lançant la journée olympique dès six heures du matin, heure de la métropole, depuis Tokyo. Rencontre avec un couteau-suisse qui alterne directs et séances sportives dans sa chambre d’hôtel. 

339. Ce n’est pas en degrés la température qui sévit à Tokyo, mais le nombre d’épreuves que comptent les Jeux olympiques qui se déroulent dans la capitale nipponne. Autant dire que Cécile Grès, 33 ans, a du boulot, elle qui enfile le bleu de chauffe entre six heures et midi, heure française, afin d’assurer le bon suivi de ces 32ème olympiades sur le plateau de France Télévisions. Coup de bol, cette Parisienne pur jus a un kif : jongler avec les disciplines. 

Passée par la presse écrite, L’Équipe, GQ, le Nouvel Obs’, entre autres, avant d’assumer les bords terrains en rugby sur Eurosport, puis de filer chez France Télé, la voilà propulsée dans la plus grande arène sportive du monde. “J’étais super contente, mais je t’avoue que j’avais un peu les miquettes, car je n’avais jamais fait ça, rembobine la principale intéressée en revenant sur sa nomination. J’ai déjà fait de la présentation, mais tenir une tranche pendant six heures sur un événement aussi énorme, ça me paraissait fou. Mes chefs m’ont dit que s’ils me l’avaient proposé, c’est que ça allait bien se passer.”

“Ça fait deux ans que je mange olympisme”

Entre cette décision et sa première prise d’antenne, le Covid-19 lui offre une année supplémentaire pour parfaire ses connaissances en matière d’omnisports, elle que le grand public connaît principalement pour son expertise rugby. “Ceci dit, je m’intéressais déjà à tous les sports. Je lis L’Équipe de la première à la dernière ligne tous les jours, replace-t-elle. Là, j’ai regardé des documentaires, je me suis concoctée des fiches, intéressée à un max de gens, de sportifs, de disciplines. J’ai aussi parlé à des spécialistes que je saoulais tous les jours avec mes milliards de questions (Rires). Ça fait deux ans que je mange olympisme. Je ne veux pas être une arnaque.” 

Car rien ne surpasse les Jeux en matière de pression médiatique. « C’est assez vertigineux de voir le nombre de gens qui regardent, commentent sur les réseaux, confirme Cécile. Le premier jour, j’avais volontairement coupé. Quand j’ai tout rouvert le soir, j’avais l’impression d’avoir chanté au Super Bowl (rires). Je reconnais que j’ai été soulagée de voir que la majorité des tweets étaient positifs”, complète celle qui dit avoir été « beaucoup stressée pour profiter ou avoir l’air cool » lors de ses premières heures d’antenne. “Ma patte ? Je ne vais pas dire que j’ai un style, parce que je commence tout juste, mais je suis fière de rester fidèle à moi-même, sans prendre un ton trop solennel. » 

Une préparation bien rodée

Depuis dix jours, Cécile Grès semble avoir trouvé son rythme, grâce notamment à sa routine : lecture de L’Équipe, séances de cardio ou de yoga dans sa chambre “pour se défouler un peu”, rédaction méthodique des fiches. Tout en assistant parfois à une épreuve, comme cette finale du 100 mètres masculin d’anthologie. « Jamais je n’aurais pensé accéder à tout ça durant mes études”, explique la journaliste dont on devine les étoiles dans les yeux. « Je dis souvent à mes parents ou à mon mec que je suis chanceuse d’être ici. Ils me corrigent en me disant que ce n’est pas de la chance, que je le mérite. Je suis hyper heureuse, même émue de vivre ça, de rencontrer ces athlètes pour lesquels j’ai une admiration sans limite.»

“Avec FJS, j’ai l’impression de faire partie d’un groupe”

Ces Jeux, c’est aussi pour Cécile une nouvelle étape dans une année particulière, elle qui était l’un des visages du documentaire de Marie Portolano “Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste”. Documentaire dans la foulée duquel l’association Femmes Journalistes de Sport est née. “Sur Europe 1, j’avais dit qu’il y aurait un avant et un après pour plein de raisons, mais la principale et la plus heureuse, c’est que maintenant, on est un collectif, indique notre consoeur. C’est ça que je trouve très puissant, très émouvant. L’asso’ porte plusieurs missions, mais sa première réussite, selon moi, c’est de nous avoir rassemblées. J’ai l’impression que je fais partie d’un groupe, que ça va nous porter pour la suite, car on est plus fortes ensemble. »

Propos recueillis par Aurélie Herman 

Pour ne plus être discriminées, harcelées, invisibilisées, il est temps pour nous, femmes journalistes de sport, de se compter, de s’unir et de peser.

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